Rideau
Merci monsieur Lynch.
1/18/20251 min read


Impossible de faire l’impasse sur la disparition de celui qui était, jusqu’à ce mercredi, le plus grand réalisateur vivant du monde occidental. La perte est immense parce que ce n’est pas seulement une perte de cinéma. Ça semble galvaudé de le dire car ce genre d’expressions est utilisée dans toutes les nécrologies, et pourtant : l’art de Lynch bousculait nos consciences et nourrissait nos âmes.
Fils bâtard d’Arthur Machen et d’Edward Hopper, il incarnait un genre à lui seul : le gothique glamour. Terreur et beauté. Passion et jalousie. New Age et psychanalyse. Esprit pionnier et masculinité toxique. Pop culture et bombe atomique. Norme et difformité. Amour et haine. Mieux que quiconque, il a su exprimer le désir délétère, l’horreur sourde du rêve américain. Il a su s’emparer de la matière humaine, du Mal et de la Mort, pour pénétrer à l’intérieur de territoires inaccessibles à d’autres, espaces narratifs comme zones cérébrales. Nous n’en sommes pas ressortis indemnes.
Univers insécures faits d’onirisme baroque et de mysticisme théosophique, de lotissements pavillonnaires proprets aux jardins infestés de vermine, de forêts de pins et sycomores hantées par l’inconscient collectif, d’êtres métamorphes flamboyants et sordides, hommes et femmes confrontés à la violence, à la mort, à la peur, à la peur de la mort, au Mal, qui soudain assaillis de pleurs et de convulsions hystériques menacent de basculer dans la folie.
Lynch a tracé le chemin. Il nous a montré qu’on pouvait raconter tout ce qu’on voulait, pourvu qu’on accepte de se confronter avec ce qu’implique le fait de raconter ce qu’on veut.
Marco
hukenzie.marco@gmail.com
SCRIPTDOCTOR PRO © Marco Hukenzie


N° SIRET : 933 137 192 00011