Cet acteur pour Orson Welles et Steven Spielberg a voulu jouer le premier rôle de mon scénario
La leçon que j'en ai tirée
Marco Hukenzie
12/12/20253 min read


Golden ticket ?
Une fois n’est pas coutume, un titre bien clickbait digne d’une vidéo Youtube, pour un billet moins théorique que d’habitude et plus « développement personnel ». Que voulez-vous, ceci reste une entreprise commerciale…
Maintenant « rentrons dans le vif du sujet », autre phrase youtubesque en vogue (il va vraiment falloir que je me remette à regarder des films) :
Occasions manquées et vie de scénariste
Un pléonasme. Je pense que nombreux sont les scénaristes qui ont vécu ce moment où ils ont eu l’impression d’être sur le point de tirer le ticket d’or, de décrocher le pompon, la timbale, la queue du Mickey, de voir enfin leur carrière décoller en France, voire aux States, voire même vers les cieux éternels aux côtés de Billy Wilder et William Goldman.
J’ai eu une ou deux fois ce sentiment dans ma vie. La plus intense fut il y a vingt ans.
Pour un ami d’alors désireux de se lancer dans la réalisation, j’écris « Le Dessin », version court-métrage du long qui m’a permis d’obtenir mon diplôme au CEEA. Sous couvert d’un huis-clos doux-amer entre un petit-bourgeois retraité de province, ancien illustrateur, et sa jeune aide à domicile - soit une histoire classique de maître et valet - il s’agit pour moi de parler d’impensé colonial.
Mais, aussi, de passer à l’acide cette catégorie lénifiante de films français où le valet un-peu-fruste-mais-aux-pieds-sur-terre apporte toute son humanité brute au bourgeois-sophistiqué-mais-malheureux-qui-a-oublié-d’où-il-vient ; une anamnèse à la petite semaine constamment réchauffée sur nos écrans depuis belle lurette.
Mon ami connaît du monde, dont Michael Lonsdale à qui il donne à lire le scénario. Moi, la première chose à laquelle je pense quand il me parle de cet acteur, c’est « Hibernatus » avec De Funès, un méchant dans un James Bond avec Roger Moore et une apparition inoubliable dans « Nelly et Mr Arnaud » de Sautet (film de relation maître-valet là aussi).
Et il vient de jouer pour Spielberg dans « Munich ».
La classe internationale, quoi.
Je parcours la filmo de Lonsdale de long en large et ai la surprise de découvrir qu’il a aussi joué dans un film d’Orson Welles, « Le Procès » adapté de Kafka, que je m’empresse de voir. Au vu de mes expériences d’alors - que je raconterai peut-être un jour ici - mon ego a besoin de ça. Quiconque a une petite expérience de scénariste professionnel sait comment ils sont traités dans notre doux pays de la Nouvelle Vague.
Si vous voulez en savoir plus, n’hésitez pas à lire l’excellent « Eiffel et moi » de la scénariste Caroline Bongrand.
Bref, je me dis que Lonsdale, avec son jeu d’acteur qui peut aller de la franche bonhomie à la perversité sourde, est l’acteur parfait pour mon film. Je suis impatient de connaître sa décision.
Lonsdale revoit mon ami, parle du scénario, de son vécu en lien avec le scénario, lui raconte même une anecdote intime. Manifestement, il a été touché par mon histoire.
Il accepte de tourner le film.
Je suis aux anges. Le César m’attend, l’Oscar peut-être. David Koepp et Paul Schrader n’ont qu’à bien se tenir.
Spoiler surprise : le film ne s’est pas fait pour raison de financement. Michael Lonsdale est décédé en 2020.
…
J’en ai longtemps voulu aux décideurs qui ont rejeté ce projet. Les gars, vous avez une histoire très bien écrite (je laisse la fausse modestie à ceux qui peuvent se la permettre) et avec un acteur « bankable » qui, à l’époque, vient de jouer pour Spielberg, et vous n’en voulez pas ?
Cependant, avec le temps, j’ai changé de perspective.
J’ai fini par comprendre que ce scénario, j’aurais pu le porter pendant des décennies contre vents et marées, comme l’a fait Caroline Bongrand pour son « Eiffel ». J’aurais pu rencontrer des producteurs, me battre et rebattre encore pour le faire exister. J’aurais même pu, d’une façon ou d’une autre, réaliser ce court-métrage moi-même. Quitte à me planter.
Je n’ai simplement pas trouvé l’énergie de me battre pour ce projet. Peut-être à raison, parce que j’ai senti que la société française n’était pas prête à recevoir mon sujet tel que je l’abordais (cf ce billet). Ou peut-être à tort ; peut-être que j’aurais dû insister.
Il y a des auteurs qui ont fait une dépression parce qu’ils n’ont pas pu faire le film qu’ils voulaient. J’en ai connu.
Mais pourquoi, alors, d’autres y arrivent-ils ?
Ce que je veux dire c’est que, en dehors du verdict du public lui-même, nous sommes, plus que jamais à l’heure actuelle où il n’a jamais été aussi facile d’écrire, de tourner et de montrer des films, seuls responsables du sort de nos histoires. On peut accuser la terre entière ; NOUS sommes les porteurs de notre projet.
À nous de trouver la force, d’une façon ou d’une autre, de le faire exister.
Marco
hukenzie.marco@gmail.com
SCRIPTDOCTOR PRO © Marco Hukenzie


N° SIRET : 933 137 192 00011
